Yves Bonnefoy
"Nous mettons nos pieds nus dans l'eau du rêve, Elle est tiède, on ne sait si c'est l'éveil Ou si la foudre lente et calme du sommeil Trace déjà ses signes dans des branches Qu'une inquiétude agite, puis c'est trop sombre Pour qu'on y reconnaisse des figures Que ces arbres s'écartent, devant nos pas. Nous avançons, l'eau monte à nos chevilles, Ô rêve de la nuit, prends celui du jour Dans tes deux mains aimantes, tourne vers toi Son front, ses yeux, obtiens avec douceur Que son regard se fonde au tien, plus sage, Pour un savoir que ne déchire plus La querelle du monde et de l'espérance, Et qu'unité prenne et garde la vie Dans la quiétude de l'écume, où se reflète, Soit beauté, à nouveau, soit vérité, les mêmes Étoiles qui s'accroissent dans le sommeil."
Les Planches courbes de Yves Bonnefoy